Le gouvernement a présenté le 24 juillet 2008 les détails de la nouvelle « carte militaire » induite par la réorganisation de la défense française. L’objectif de ce redéploiement des forces est à la fois de moderniser l’armée pour l’adapter aux nouveaux enjeux stratégiques et de rationnaliser son fonctionnement pour limiter les dépenses, a rappelé Hervé Morin, ministre de la Défense. Au total, le plan, qui s’échelonne de 2009 à 2016, prévoit la suppression de près de 54 000 emplois directs, la fermeture de 83 sites, le déménagement de 33 autres et des « renforcements opérationnels » sur une soixantaine de sites. Conscient des impacts de ce redéploiement sur les économies des territoires, le gouvernement a prévu des mesures d’aides aux collectivités locales et aux entreprises. Quels seront les effets de cette nouvelle carte militaire sur l’Aquitaine ?
La carte militaire en Aquitaine
Beaucoup moins touchée par le redéploiement que les régions du Nord-Est, l’Aquitaine devrait perdre plus de 1 500 postes (sans compter les emplois indirects) dans les villes de Martignas-sur-Jalles, Bordeaux, Bergerac et Mérignac. A Martignas (Gironde), l’état-major de la 2e brigade logistique (114 personnes) sera fermé dès 2009 et le 503e régiment du train (1 112 personnes) transféré à Nîmes en 2011. A Bordeaux (Gironde), l’Ecole santé navale (146) sera regroupée sur son autre site de Lyon en 2011. La même année, à Bergerac (Dordogne), l’établissement spécialisé du commissariat de l’armée de terre (123) sera fermé. Enfin, après 2011, ce sera le tour de la direction régionale du service des essences des armées du Sud-Ouest (53) de disparaître à Mérignac (Gironde).
Mais l’Aquitaine bénéficiera aussi de « renforcements opérationnels » en 2014 dans les villes de Bordeaux, Biscarosse, Mont-de-Marsan et Agen. A Bordeaux, la DRID (Direction régionale du service d’infrastructure de la défense) et le centre territorial d’administration et de comptabilité seront renforcés. De même que le centre d’essai de lancement de missiles à Biscarosse (Landes), la base aérienne 118 à Mont-de-Marsan (Landes) et le 48e régiment de transmission à Agen (Dordogne). En 2014, l’Aquitaine comptera six des « bases de défense » qui forment le nouvel échelon local de la chaîne interarmées des soutiens, à Agen, Bayonne, Bordeaux, Mérignac, Mont-de-Marsan et Pau (Pyrénées-Atlantiques).
Les aides aux collectivités locales
Le gouvernement a prévu des aides aux collectivités locales et aux entreprises dans le cadre de « l’accompagnement territorial des redéploiements » (voir notre note du 30 juin 2008 : https://www.developpement-economique.fr/editoile/2008/06/amnagement-du-t.html). Sur la période 2009-2015, une enveloppe de 320 millions d’euros, à travers le FRED (Fonds de restructuration de la défense) et le FNADT (Fonds national d’aménagement et de développement du territoire) devrait être consacrée à redynamiser les bassins d’emploi locaux : 225 millions pour les CRSD (Contrats de redynamisation de site de défense), 75 millions pour les PLR (Plans locaux de redynamisation) et le restant, 20 millions, pour l’outre-mer. Au niveau national, la DIACT (Délégation interministérielle à l’aménagement et à la compétitivité des territoires) assurera la coordination du dispositif, en lien avec la DAR (Délégation aux restructurations) du ministère de la Défense.
L’Aquitaine ne bénéficiera pas de CRSD (Contrats de redynamisation de site de défense), mais de trois PLR (Plans locaux de redynamisation) pour les départements de Gironde, Landes et Dordogne. Ces plans locaux sont destinés aux « territoires dont la perte nette d’emplois est supérieure à 50 emplois directs, qui subissent un impact significatif sans qu’il en résulte pour autant un bouleversement profond de l’économie locale. »
Le plan prévoit aussi des mesures en direction des entreprises. Ainsi certaines aides déjà mises en place dans les bassins d’emploi fragiles seront étendues aux territoires impactés par les restructurations de la défense, notamment le crédit de taxe professionnelle ou le dispositif des « bassins d’emploi à redynamiser ». Ce dernier, créé à l’origine en 2006 dans les Ardennes, permet de disposer d’une zone franche pour les activités nouvelles ou les extension d’activité, en combinant des exonérations fiscales et sociales. En outre, la France demandera à la Commission européenne de bénéficier d’un zonage supplémentaire, à titre exceptionnel, pour permettre le versement de nouvelles aides directes de l’Etat ou des collectivités locales aux entreprises. Enfin, l’AFII (Agence française pour les investissements internationaux) sera mobilisée pour favoriser l’implantation d’entreprises étrangères dans les territoires touchés par le redéploiement militaire.
Pour en savoir plus, consulter le site du Premier ministre : http://www.premier-ministre.gouv.fr//fr/outils_144/e_lettre_gouvernement_1312/une_1313/presentation_contours_nouvelle_carte_60713.html